DT News - France - Des pathologies qui modifient les normes de la pratique des soins dentaires

Search Dental Tribune

Des pathologies qui modifient les normes de la pratique des soins dentaires

L'utilisation d'équipements de protection individuelle dans la pratique dentaire a été adaptée à l'évolution des risques, comme dans le cas du VIH et plus récemment du SARS-CoV-2. (Photo : DC Studio/Shutterstock)
Monique Mehler, Dental Tribune International

Monique Mehler, Dental Tribune International

lun. 12 avril 2021

Enregistrer

LEIPZIG, Allemagne : Dans les années 1980, le VIH – responsable du sida - a modifié la pratique des soins bucco-dentaires. Aujourd'hui, 40 ans plus tard, la pandémie de la Covid-19 a entraîné des changements similaires, tels que l'amélioration de l'utilisation des équipements de protection individuelle (EPI).

Une étude réalisée en 2020 par des chercheurs de l'Université de Colombie-Britannique au Canada a mis en parallèle les effets du VIH et du SARS-CoV-2 sur la pratique dentaire. Les chercheurs ont notamment examiné les changements dans les mesures d'EPI. Pour ce faire, ils ont interrogé 45 professionnels dentaires locaux, qui ont tous déclaré que, sans l'ombre d'un doute, les soins dentaires ne pouvaient actuellement pas être réalisés sans l'utilisation minimum de gants et de masques de protection.

L'un des participants à l'étude, un assistant dentaire certifié, a expliqué que la pratique dentaire à mains nues était la norme jusqu'à l'arrivée du VIH : « Lorsque j'ai débuté ma carrière, nous n'utilisions ni masque ni gants. Mais tout a changé - nous avons tous été testés pour le VIH. Nous en étions très conscients et c'est à ce moment-là que nous avons commencé à porter des lunettes, des masques et des gants. Maintenant, vous n'envisageriez jamais de travailler sur quelqu'un sans aucun de ces éléments. »

« Aujourd'hui, je ne pourrais même pas imaginer traiter un patient sans gants, mais à l'époque, c'était normal. »  - Prof. Lior Shapira

Dans une interview accordée à Dental Tribune International, le président élu de la Fédération européenne de parodontologie, le Pr Lior Shapira, a partagé ses expériences au cours de sa longue et fructueuse carrière en odontologie : « Lorsque j'étais étudiant, il y a de nombreuses années [rires], je travaillais sans gants, sans masques ou sans blouses, puis le VIH est apparu. Et puis nous avons appris à nous protéger de ce virus en améliorant les mesures EPI. Aujourd'hui, je ne pourrais même pas imaginer penser à traiter un patient sans gant,  mais à l'époque, c'était normal. »

« Et maintenant, la même chose se produit avec le coronavirus, et je pense que la leçon la plus importante que nous en avons tirée est la prise de conscience que les professionnels dentaires doivent se protéger totalement. En particulier lorsque nous effectuons des procédures générant des aérosols, nous utilisons des blouses et des calots, des masques N95 - que nous n'utilisions pas auparavant - et un écran facial. Toutes ces mesures améliorées sont probablement là pour rester et deviendront la nouvelle norme de soins », a-t-il ajouté.

La pandémie de la Covid-19 plus difficile à gérer

Au plus fort de la pandémie de VIH/SIDA, les prestataires de soins bucco-dentaires étaient particulièrement attentifs à éviter tout contact avec le sang pendant les procédures. Aujourd'hui, avec la pandémie de la Covid-19, l'inquiétude est plus grande car le virus est aéroporté et se propage par des gouttelettes et des aérosols, qui sont omniprésents chaque fois que des soins sont prodigués. Les scientifiques canadiens expliquent que cette inquiétude est principalement influencée « par un manque de compréhension totale de la transmissibilité et de l'impact perçu du virus sur le coût et le temps associés à la réduction ou à l'élimination du risque de transmission dans un environnement dentaire ».

À l'instar de nombreux autres organismes gouvernementaux dans le monde, l'Occupational Safety and Health Administration (OSHA), qui fait partie du ministère américain du travail, a publié sur son site Web des conseils à l'intention des professionnels du secteur dentaire. Les normes EPI de l'OSHA ne constituent pas une nouvelle obligation légale mais comprennent des recommandations qui doivent être exécutées sur le lieu de travail afin de protéger les patients et le personnel d'une transmission potentielle. Comme l'a mentionné le professeur Shapira, l'OSHA cite également les masques filtrants jetables N95, les blouses et les écrans faciaux certifiés par le National Institute for Occupational Safety and Health comme un ensemble d'EPI approprié.

Un aperçu de ce qui nous attend

Le grand public espère que la pandémie de coronavirus prendra fin à un moment donné - de préférence le plus tôt possible. Cependant, une récente enquête menée et publiée par Nature laisse penser l’inverse. Elle montre que « les scientifiques s'attendent à ce que le virus à l'origine de la Covid-19 devienne endémique, mais qu'il pourrait représenter un moindre danger avec le temps ».

Dans l'article, le Dr Jesse Bloom, biologiste de l'évolution au Fred Hutchinson Cancer Research Center de Seattle (États-Unis), suggère que le SARS-CoV-2 deviendra probablement « un problème moins grave et quelque chose comme [la] grippe ». Néanmoins, il a également déclaré que certaines personnes développeront tout de même des symptômes graves.

Tout comme le VIH ou toute autre maladie qui a lourdement frappé la société, le coronavirus est présent et devrait faire partie de notre quotidien d'une manière ou d'une autre et aura donc un impact durable sur l'utilisation des EPI dans la pratique dentaire.

One thought on “Des pathologies qui modifient les normes de la pratique des soins dentaires

  1. Marie says:

    Très intéressant.
    Les patients sans défense immunitaire doivent également bénéficier de soin adapté.
    Pas toujours facile pour nos professionnels de s’adapter.

To post a reply please login or register
advertisement
advertisement